Traumas sexuels chez l’enfant : comment les repérer et accompagner ?

Emmanuelle C.
17 sept.
3 min de lecture

Interview avec Guillaume DELARRAS, praticien en neurosciences appliquées, et spécialiste des traumas sexuels chez l’enfant au Centre Mozart de Nice.

Séance d’accompagnement thérapeutique pour un enfant victime de trauma sexuel.

Parler des traumatismes sexuels chez l’enfant n’est jamais simple.

Pourtant, il est essentiel d’en discuter, car trop de familles se retrouvent seules face à leurs inquiétudes ou à des situations douloureuses.

Pour aider les parents à comprendre et à trouver des repères, nous avons rencontré Guillaume Delarras, Hypnothérapeute formé aux neurosciences appliquées, spécialisé dans l’accompagnement des traumas sexuels chez l’enfant et l’adolescent, et certifié en médiation musicale.

Qu’est-ce qu’un traumatisme sexuel chez l’enfant ?

Guillaume, comment définiriez-vous un traumatisme sexuel chez l’enfant ?

Guillaume Delarras :

« Un traumatisme sexuel, c’est lorsqu’un enfant est confronté à des gestes, des propos ou des situations à caractère sexuel qu’il ne peut ni comprendre, ni consentir, ni gérer.

Cela laisse une empreinte émotionnelle et corporelle très forte, qui peut se traduire par de l’anxiété, des troubles du sommeil, des peurs, ou encore des comportements inhabituels.

Il faut rappeler que ce n’est jamais la faute de l’enfant.

La transgression vient toujours d’une autre personne.

Le plus souvent, il s’agit d’un adulte ou d’un adolescent, mais il peut aussi arriver qu’un enfant plus âgé reproduise des gestes inadaptés sur un plus jeune.

Même si l’intention n’est pas toujours consciente, l’enfant victime peut le vivre comme une transgression majeure.

Dans ces cas-là, il est tout aussi essentiel d’accompagner l’enfant qui a subi, mais aussi celui qui a reproduit les gestes, afin que chacun reçoive une aide adaptée. »

Quels signes peuvent alerter les parents ?

Guillaume, comment un parent peut-il repérer qu’un enfant traverse un traumatisme sexuel ?

Guillaume Delarras :

« Il n’y a pas de signe unique. Mais certains comportements doivent alerter, surtout s’ils apparaissent soudainement :

repli sur soi, anxiété, cauchemars,
colères inhabituelles, irritabilité,
changements dans le jeu ou la manière de parler du corps,
symptômes physiques (maux de ventre, maux de tête, troubles du sommeil ou de l’alimentation),
comportements liés aux toilettes (se retenir, refuser d’y aller, ou au contraire perdre un contrôle acquis comme l’énurésie ou l’encoprésie).

Ce sont des signaux qui ne prouvent pas forcément un abus, mais qui doivent être entendus et évalués. »

Comment réagir si l’on a un doute ?

Traumas sexuels chez l'enfant : Que doivent faire les parents face à un soupçon ?

Guillaume Delarras :

« La première étape est d’écouter sans juger ni minimiser.

Si l’enfant se confie, il faut lui dire qu’il a bien fait de parler et qu’il n’est pas responsable.

Ensuite, il ne faut pas rester seul avec ses doutes :

appeler le 119 – Allô Enfance en Danger (gratuit, 24h/24),
consulter le médecin traitant ou le pédiatre,
et en cas d’urgence, se rendre aux urgences hospitalières. »

Comment accompagner un enfant victime de trauma sexuel ?

Comment travaillez-vous concrètement avec les enfants et adolescents ?

Guillaume Delarras :

« Mon approche repose sur les neurosciences appliquées et l’hypnose, qui me permettent d’agir sur les mécanismes émotionnels et corporels liés au traumatisme.

Avec les enfants, j’utilise aussi des outils créatifs comme la médiation musicale, qui ouvre une voie d’expression quand les mots sont difficiles à trouver.

L’objectif est de recréer un sentiment de sécurité intérieure, d’apaiser les émotions envahissantes et de permettre à l’enfant ou l’adolescent de se réapproprier son corps et son histoire, en travaillant sur la perception de l’évènement traumatique et non sur l’évènement lui-même qui est immuable.

Chaque séance est adaptée à l’âge et au vécu de la personne. »

Illustration symbolique représentant la souffrance silencieuse d’un enfant victime de traumatisme sexuel.

Quelle est la place des parents dans l’accompagnement ?

Les parents sont souvent bouleversés. Comment les accompagnez-vous ?

Guillaume Delarras :

« Les parents traversent eux aussi un choc.

Beaucoup ressentent de la culpabilité, de la colère ou de l’impuissance.

Je leur propose également un espace de parole pour déposer leurs émotions.

Les aider à comprendre et à se stabiliser émotionnellement est essentiel, car un parent solide est un parent qui peut véritablement soutenir son enfant. »